Variations dans l'expression du mouvement en français L2 et impact de la L1

La variation est incontournable dans l’appréhension des langues naturelles, qu’elles soient pratiquées comme L1 ou L2. Le développement de l’interlangue ne sera donc nullement linéaire. En instabilité chronique entre la langue source et la langue cible, celle-ci implique de fait la prise en considération des dimensions stylistique (diaphasique) et sociale (diastratique), voire diatopique de la L2 pour assurer une progression sinueuse au processus de transition de la L1 vers la L2.
L’objectif de la présente contribution est l’étude de l’impact de la L1 des apprenants germanophones sur la variation dans l’expression linguistique du mouvement en FL2, mais aussi de la variation existant dans la production des locuteurs FL1 eux-mêmes. Elle sera fondée sur une comparaison de deux corpus, le premier étant composé de 30 locuteurs germanophones de FL2 et le second de 30 locuteurs francophones.
Notre étude confirme, dans le domaine de l’expression du mouvement, que la L1 des apprenants influe sur la production de leur L2 et mène à une variation de type diaphasique dans leur discours, qui apparaît plus particulièrement dans des contextes impliquant une description de mouvements multiples. La production des apprenants DFL2 contient effectivement un peu plus de verbes-M de mouvement que celle des locuteurs natifs FFL1 pour exprimer les mêmes événements. Ce léger suremploi est lié à certains types de situations et de verbes et semble globalement impliquer chez eux un recours plus fréquent à des compléments indiquant la trajectoire (direction et position) auprès de ces verbes-M, en comparaison en particulier avec l’usage des apprenants FFL1.